Un sondage IPSOS-SOPRA-STERIA, réalisé cet été,  dans 27 pays, nous révèle que les Français, avec les Hongrois, les Polonais et les Russes sont les plus réticents à se faire vacciner. En clair, cela signifie qu’une majorité de Français n’ont pas l’intention de se faire vacciner contre la Covid-19. Nous sommes donc loin derrière les Chinois, les Australiens, les Américains, les Brésiliens, les Indiens dont 2/3 sont disposés à se faire vacciner.


COMMENT EXPLIQUER CETTE FORTE RÉTICENCE ?

On peut penser qu’elle est due  aux risques qui sont liés aux effets secondaires ; c’est d’ailleurs la principale raison évoquée. Il est vrai que tout mode de soin peut avoir des effets indésirables. Mais, à l’évidence, les risques de la vaccination sont sans commune mesure avec les risques de la maladie elle-même. De plus, la vaccination ne protège pas seulement  celui qui se fait vacciner ; elle permet d’obtenir cette précieuse « immunité collective » qui éloigne les  risques de progression… N’oublions pas que c’est la vaccination qui a permis d’éradiquer la VARIOLE en 1980, grâce à l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) combinant des campagnes de vaccination massive, dès 1958, avec une « stratégie de surveillance et d’endiguement », mise en œuvre à partir de 1967.

 Ce qui caractérise la situation française dans sa réticence ou dans son refus du vaccin, c’est pour un quart des opposants,  UNE OPPOSITION « PAR PRINCIPE ». Ce positionnement va  bien au-delà d’une simple méfiance ; il utilise toute la palette, souvent contradictoire d’ailleurs, des théories complotistes qui  sont en cours. Ces théories touchent aujourd’hui, d’ailleurs, tous les domaines ; cette position est devenue aussi un argument à connotation politique, présenté aussi bien sous la forme d’un complot organisé par l’industrie pharmaceutique que par des alliances politiques douteuses ou même par la volonté de domination de certains pays… Si les arguments diffèrent, défiance et théorie du complot en sont le même ciment, comme la mouvance QAnon, mouvement complotiste d’extrême-droite, d’origine américaine, qui colporte l’idée que la vaccination est le moyen de contrôler la population. L’argument du complot tient lieu d’explication : c’est simple, ça impressionne, c’est définitif et ça évite de réfléchir. Plus besoin d’avoir recours à la raison !

QUE NOUS DIT L’HISTOIRE DE LA VACCINATION ?

Qu’en pensent ceux qui  connaissent l’histoire de la vaccination et de l’épidémiologie des maladies infectieuses, en France ?
Dans un entretien au Monde du 11 décembre, Gaétan Thomas, historien de la médecine et des sciences qui  a précisément étudié l’histoire de la vaccination, depuis l’après-guerre, explique cette hostilité des Français à la vaccination, aujourd’hui.

 « L’idée qui voudrait que la vaccination est très controversée en France est à relativiser », dit-il. « Entre la seconde guerre et la crise de la vaccination, dans les années 1998, il n’y a pas eu de controverse majeure. En 1994, une campagne de vaccination contre l’hépatite B a été lancée, dans les collèges, en France. L’O.M.S. a recommandé une vaccination universelle mais, pour la justifier, en France, on a, par manque d’informations, exagéré la menace ; ce qui a fait naître des suspicions, d’autant que des effets secondaires se sont manifestés chez quelques collégiens. La campagne de vaccination a donc été stoppée mais cela a créé une véritable blessure dans le monde de la vaccination qui considère qu’on a laissé se développer, alors, une position irrationnelle. Le succès du vaccin est lié à son efficacité  et à son innocuité. Mais d’autres qualités y ont aussi contribué : la simplicité du dispositif, la maîtrise du calendrier, le rassemblement des doses et des injections et un coût bas et calculé. Il y a lieu de relativiser, aujourd’hui, en France, le discours catastrophique sur l’opposition au vaccin ; il s’appuie sur des sondages, des arguments politiques. En réalité, le niveau réel de vaccination reste élevé, en France. » poursuit Gaétan Thomas.

C’est vrai, me semble-t-il, que ceux qui s’affolent et qui affolent les foules, en oubliant de raisonner, avant de faire appel à n’importe quel argument puisé dans les réseaux sociaux, devraient d’abord  réfléchir aux enjeux. Si nous sommes passés de 3 à 11 vaccins obligatoires, après de longs débats, c’est RAISONNABLEMENT. L’histoire  montre donc, qu’en matière de vaccination, moins on dramatise, mieux ça marche.

Louis Caul-Futy