N’a-t-on adopté une nouvelle pratique démocratique à voir qu’à quelques situations particulièrement importantes comme celle posée par les GILETS JAUNES, à laquelle le président a voulu répondre par le GRAND DÉBAT, qu’à celle posée par les importantes revendications ÉCOLOGIQUES, suite auxquelles le Président  institue une CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT, qu’à celle encore que pose comme PRIORITÉS ÉCONOMIQUES, la situation difficile actuelle ? Il crée un COMMISSION D’ÉCONOMISTES-CONSEILS composée de 26 économistes de son choix.


Même si les formules ne sont pas identiques, nous avons là, pour ne prendre que ces trois cas, UN APPEL À DES CITOYENS pour émettre des idées et faire des propositions… ce qui est relativement nouveau.
Alors, comment cela se passe-t-il ? Qu’est-ce qu’il en ressort ? Quelle est la suite donnée à  ce travail ? Et qu’est-ce que cela veut dire, en termes de gouvernance, en matière de démocratie ?

LE GRAND DÉBAT :

Beaucoup de groupes se sont constitués pour débattre des différents thèmes retenus. Ils ont fait des propositions, lancé des idées, revendiqué des réformes, formulé des exigences. Il y a eu, véritablement, une recherche collective et une volonté citoyenne à assumer le mieux possible, ce rôle nouveau de citoyens actifs.

Or, il n’y a pas eu de réponse formelle à ce travail. Ce grand débat n’a pas répondu aux espérances de celles et ceux qui ont cru que leur parole serait entendue, étudiée, retenue peut-être… mais rien de tout cela…

LA CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT :

C’est une autre formule  puisqu’il s’agit d’un groupe de 150 personnes tirées au sort, destinées à travailler à des propositions pour la protection du climat.

Mais laissons-les se présenter elles-mêmes :

« Qui sommes-nous ? Nous, citoyens(nes) de 16 à 80 ans, avons été tirés au sort  pour être membres de la Commission  Citoyenne pour le Climat. Beaucoup d’entre nous ont des enfants et des petits-enfants ; nous sommes engagés pour eux et pour les générations futures à leur préparer un avenir meilleur et à laisser la planète habitable. Notre travail des 6 derniers mois a porté sur l’urgence climatique et les moyens les plus approchants d’y répondre, sans laisser personne au bord du chemin. Nous sommes des citoyens représentatifs d’une diversité de l’ensemble de cette société. Indépendants du Gouvernement, nous avons veillé  à l’être aussi des différents groupes de pression, quels qu’ils soient. Nous en avons cependant auditionné quelques-uns. Nous avons eu des points de vue différents et nous nous sommes opposés mais nous avons su nous écouter et faire des propositions équitables. »

Qu’en est-il ressorti ?

149 propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’ici 2030.

Quelles suites vont être données à ce travail ?

Soulignons d’abord que les médias n’ont pas été tendres avec cette commission « impromptue », avant même de connaître le travail qu’elle serait susceptible de produire et les grandes chaînes télévisées n’ont pas manqué de commentaires ironiques sur la capacité de ces « simples » citoyens à traiter de problèmes aussi « complexes » ?
Ensuite, que ces propositions  soient novatrices ou simplement de bon sens, c’est maintenant au Président Macron à s’en emparer. Il a à dire, en effet, ce qu’il rejette, ce qu’il considère comme  devant être discuté au Parlement ou ce qui doit faire l’objet d’un référendum.
C’est pas simple tout ça. Il a déjà commencé son tri… Nous y reviendrons quand tout sera décidé de  la suite à donner à ces propositions… ET PAR QUI ? C’est le président qui reste « le maître des horloges ».

LA COMMISSION D’ÉCONOMISTES-CONSEILS :

Pourquoi cette Commission ?

Cette commission, installée par le président Macron, et composée de 26 économistes français et internationaux, est chargée de « présenter des recommandations pour rendre les politiques économiques plus efficaces ».
Elle doit, dès la fin de l’année, rendre des propositions sur trois problèmes « structurels » : le climat, les inégalités, la démographie.

Quelle est sa composition ?

Une remarque préalable au fait de savoir QUI ils sont, ces économistes, me semble devoir s’imposer : Compte-tenu des questions aussi cruciales, qui aujourd’hui font débat dans nos sociétés et qu’ils ont à traiter, n’aurait-il pas fallu une commission qui reflète le pluralisme  des approches et des disciplines ? Il y a là, je crois, une faute majeure… le contraire d’une « réinvention ».
La commission est coprésidée par deux économistes français bien connus, l’un étant, Jean TIROLE, « prix NOBEL » d’économie et l’autre étant Olivier BLANCHARD, ex-économiste en chef du FMI. L’un et l’autre sont deux excellents supporters de l’orthodoxie néolibérale.
Ils ont d’ailleurs participé à la construction du programme du candidat E. MACRON et soutenu sa candidature.
Par ailleurs, Jean TIROLE soutient que « les mauvaises performances de l’économie française sont dues à un excès des dépenses publiques et que le rôle de l’état doit se limiter à veiller au bon fonctionnement
des marchés. » Quant à Olivier BLANCHARD, il a défendu avec énergie les politiques d’austérité imposées par le FMI aux pays endettés, tels que la Grèce, quitte à reconnaître, un peu tard, qu’il en avait sous-estimé les effets négatifs.
D’autres économistes français ont été sélectionnés dont, parmi  les plus connus, Jean PISANI-FERRY, un proche du Président  qui a fortement inspiré son programme économique en 2017, Laurence BORNE, ancienne banquière, devenue économiste en chef de l’OCDE, après avoir été conseillère de François Hollande. Nous avons là une belle brochette d’économistes néoclassiques convaincus.
Quant aux économistes internationaux, citons-en trois qui pèsent lourdement dans le même sens : Marc REGUANT, américain, spécialiste des marchés du carbone, Alex BÖRSCH, allemand qui s’est  fait remarquer, dans son analyse critique des systèmes de retraite par répartition et Christian GOLLIER qui émet des doutes sur nos capacités à relever le défi climatique…

Deux exceptions sont à souligner : l’Américain Paul CRUGMAN, proche du Parti Démocrate et l’Américain également, Dani RODRIK qui, lui, est ouvertement opposé à la mondialisation libérale.

Qu’en sortira-t-il ?

Attendons les derniers mois de 2020, pour, déjà, percevoir, de quel côté souffle le vent.

En espérant, cependant, que la bise ne soit pas trop violente.

Proposer, prévoir, installer des groupes de parole, des  Grands débats, des conventions, des commissions, c’est bien. Les populations demandent à être entendues, écoutées. Mais il ne suffit pas de dire OUI, PARLEZ. Cela ne se fait pas au pied levé, comme réponse au cri de la foule ou comme système de protection. La démocratie n’est pas CONSTITUÉE. Elle est CONSTITUANTE, c’est à dire qu’elle se construit AVEC les citoyens, dans l’écoute, la considération  et  le  respect. Les points de vue, les jugements sont différents : tous sont à écouter.

ALLER PLUS LOIN, FAIRE VIVRE L’ÉGALITÉ, RENFORCER LA CITOYENNETÉ, C’EST CHERCHER, SANS RÉPIT, SANS FAUSSES EXCUSES, À SE HISSER À LA HAUTEUR DES FRANÇAIS. C’EST ÇA, SAVOIR SE RÉINVENTER.

À VOIR LA MÉTHODE BROUILLONNE,
LA MUE N’EST PAS ENCORE FAITE.