À partir de ce mardi 17 novembre, les députés examinent la proposition de loi relative à la « sécurité globale » qui  renforce les pouvoirs de la police et inquiète les défenseurs des libertés.

Cette loi qui renforce les pouvoirs de surveillance de la justice, instaure, de fait, une surveillance plus grande de la population. Outre l’article 24 qui donne droit de filmer les policiers, en intervention, les articles 21 et 22 autorisent, eux, l’usage des drones et la diffusion des images des caméras piétons. De plus, le recours aux drones n’offre aucune garantie sur le respect de la vie privée. La preuve nous en est apportée par le travail fait en commission où un 
amendement demandant d’interdire de filmer les espaces privatifs a été rejeté !

La sécurité des policiers est, bien évidemment, le sujet. Ils font un métier dangereux, incontestablement et, parfois l’absence de réponses pénales à certaines infractions peut être regrettable.

Bien sûr aussi que nous sommes aujourd’hui dans une sorte de guerre de l’image. Mais, il n’y a pas de démonstration que les diffusions des visages des policiers, sur les réseaux, les aient directement mis en danger.
À l’évidence, on observe une dérive sécuritaire, une dérive qui risque de donner la priorité à la sécurité sur la liberté. Ce choix comporte, en plus, le risque de ne pas être efficace. Si, à un moment, il y a lieu d’apporter des restrictions aux droits, elles doivent être scrupuleusement étudiées et strictement encadrées dans le temps. Ce choix sécuritaire ne date d’ailleurs pas d’aujourd’hui mais de 2015, mais, à l’évidence, il y a lieu, aujourd’hui, d’être inquiet, au regard de certains des articles de cette nouvelle loi.

Il est vrai que l’on peut facilement évoquer les nouveaux risques qui sont apparus, en particulier, celui du terrorisme djihadiste et aussi des formes nouvelles d’incivilités qui amènent à la violence. Mais s’il faut être vigilant à cet égard, il reste un problème typiquement français, pourtant souvent dénoncé, c’est le suivant : lorsque des dangers réapparaissent, la première réaction est systématiquement celle qui consiste à  mettre en discussion des  mesures législatives supplémentaires, avant même d’examiner si l’arsenal législatif que nous avons n’est pas suffisant pour garantir la sécurité des citoyens.

Cette manie de l’empilement des lois toujours un peu plus sécuritaires finit par grignoter insidieusement les libertés.   
Il semble bien, hélas,  que nous soyons dans ce cas de figure aujourd’hui, en ayant droit à une proposition de loi qui renforce les moyens dont dispose la police, vis à vis des citoyens, tout en restreignant la liberté d’information sur les pratiques policières.

Même si ce choix convient parfaitement à certains courants politiques pour lesquels le tout-sécuritaire est la priorité, cette démarche, vraiment, n’est pas de nature à réduire la défiance, lourde déjà, qui se manifeste à l’égard du pouvoir politique actuel.

Manif securité globaleLoi «sécurité globale» : plusieurs milliers de manifestants en France, des violences dans le cortège parisien – Des «gilets jaunes» se sont rassemblés aussi à Tarbes et Gap. À Paris, des violences ont eu lieu à la fin du rassemblement. Gérald Darmanin a dénoncé des «violences inacceptables». (Par Thibault Izoret Masseron – Publié le 17 novembre 2020 – Le Figaro)

Manifestant loi securité globaleUn manifestant fait face aux CRS, sur le boulevard Saint-Germain, près de l’Assemblée nationale où doit se tenir le débat autour de la loi de «sécurité globale». (Thibault Izoret Masseron / Le Figaro 17 novembre 2020)

Par ailleurs, en Espagne, de nombreux mouvements sociaux secouent le Pays. Ils contestent la « loi  bâillon », en vigueur depuis 2015, qui est l’équivalent de notre loi « sécurité globale ». Le premier ministre socialiste, Pedro Sánchez s’est engagé à la révoquer, avec le soutien du parti Podemos.

 

Louis Caul-Futy