Nous allons prendre connaissance par le Gouvernement, cette semaine, de son plan de relance de l’économie.

L’exécutif sait-il où il va ? Vers quel modèle de développement veut-on nous diriger ?

Avant de le connaître, de l’étudier et d’en parler, prenons le temps  de nous interroger sur comment vivons-nous et quelles sont, pour nous, les valeurs de la vie elle-même. Voilà qui revient à  savoir, ni plus ni moins, à quelle civilisation nous appartenons et quelle est notre véritable identité, celle qui détermine nos choix :

Choisir L’HUMAIN.


S’il est une chose  que le Covid-19 a bousculée, sans vraiment que nous nous en rendions compte, c’est la doxa libérale, cette ligne politique que nous qualifions volontiers d’ultralibérale, celle qui pense que l’État doit prendre le moins de place possible  pour laisser toute sa place au Marché.

Ce Marché serait « naturellement » régulé par la fameuse « main invisible » qui permet  aux intérêts égoïstes de s’articuler les uns avec les autres, ce qui leur permettrait de construire un intérêt général bénéficiant à tous. Or, la pandémie a montré assez clairement que ça ne marche pas, sauf si  l’on considère que les morts du virus doivent être purement considérés pour pertes et profits, en contribuant à une sorte de régulation naturelle.

Mais notre civilisation ne tient-elle pas  au fait que nous reconnaissons à la vie une valeur supérieure ? Supérieure aux lois du marché comme à celles de la nature !

Cette civilisation porte un nom : l’humanisme. Elle puise ses racines dans la pensée philosophique grecque, puis dans la révélation juive et chrétienne, puis  s’appuie ensuite sur le juridisme romain, avant de se consolider avec la Renaissance puis avec Les Lumières.

Nous savons qu’hélas, cet humanisme n’a pas toujours été parfait.

L’Antiquité  a pratiqué l’esclavage  sans état d’âme, l’Europe s’est accommodée du servage. Le capitalisme a organisé la traite négrière vers les Amériques et, en Europe, la première industrialisation a été particulièrement inhumaine, avec par exemple, le travail des enfants dès six ans.

Quant aux nationalismes, ils ont déclenché deux sanglants confits mondiaux.

Aujourd’hui, hélas encore, cet humanisme est loin d’être sans faille : la surproduction des ressources naturelles met en péril la survie de l’humanité et de nombreuses espèces vivantes, animales et végétales. Cette crise est en quelque sorte un coup de frein à une machine qui s’emballe depuis des décennies : surproduction et surconsommation des pays riches, organisations du travail souvent injustes, obsolètes et souvent peu créatives. La crise fait apparaître soudain la priorité éthique d’avoir à protéger la vie en assumant le conflit avec des logiques de calcul utilitaristes.

C’est à partir de ces questions que l’on sent où le bât blesse. Soudain, nous découvrons qu’il nous manquait le nécessaire alors que nous vivions dans  des sociétés ultrasophistiquées, ultra-protégées, à des niveaux de  production et de richesse jamais  égalés. Nous avons oublié de penser que nous pourrions manquer de lits d’hôpitaux, de masques, de respirateurs, de médecins, de personnel. Nous prenons conscience  d’une certaine absurdité et idiotie  de notre mode de vie.

Pourquoi, pour qui, dans quels buts travaillions-nous tant de richesse et d’intelligence si un Pays comme France est déstabilisé parce qu’il lui manque 5.000 lits de réanimation, dans ses hôpitaux ?

Pourtant, l’humanisme est toujours notre horizon. Le virus nous  oblige à un examen de conscience, la preuve : des libéraux redécouvrent les vertus de l’État. L’Europe prend plus de liberté et avance cahin-caha vers les prémices d’un fédéralisme…

Choisir l’HUMAIN avant toute chose, voilà notre véritable IDENTITÉ.
Identité sur laquelle nous ne devons pas transiger.

C’est là qu’est notre combat.